En 2019, un diagnostic territorial partagé sur la question des inégalités sociales de santé a été initié par ALFAMIF dans le cadre de l’Atelier Santé
Ville. L’objectif principal était de mieux connaître le territoire de Vallauris Golfe-Juan dans ses différentes dimensions (besoins, partenariat, offre)
dans l’objectif d’améliorer la coordination locale. Cette étude co-menée avec le Laboratoire de Recherches Interdisciplinaires en Intervention
Sociale (LARIIS)1
s’est appuyée sur de nombreux indicateurs directement liés à la santé et à la précarité, sur l’expertise des partenaires locaux
et sur le point de vue de la population. Le croisement de l’ensemble de ces données a permis de dresser un portrait du territoire et de dégager
certaines actions à prioriser pour répondre aux besoins directement liés à la santé sur la commune de Vallauris Golfe-Juan.
Les inégalités sociales de santé et territoriales
La qualité de la prise en charge financière des soins dans notre pays est reconnue. Pour autant, la France est marquée par de fortes inégalités sociales et territoriales en matière de santé. Effectivement, on constate des écarts selon les territoires et les catégories socioprofessionnelles en termes de risques pour certaines pathologies ou d’espérance de vie en bonne santé.
À titre d’exemple, ces inégalités sociales vis-à-vis de la santé se traduisent par une différence d’espérance de vie à 35 ans de 6,4 années entre les ouvriers et les cadres en faveur de ces derniers. On observe une distribution de la santé qui suit une échelle socioéconomique, où plus un individu occupe une position économiquement
défavorable, plus il est en mauvaise santé. C’est ce que l’on nomme le gradient social de santé. D’autres déterminants agissent sur l’état de santé des populations (revenu, statut social, réseaux de soutien, éducation, services de santé, logement…). Ces déterminants n’agissent pas indépendamment les uns des autres, mais interagissent entre eux et ainsi défavoriser certains individus face à un bon état de santé.
Les inégalités sociales de santé et territoriales
La qualité de la prise en charge financière des soins dans notre pays est
reconnue. Pour autant, la France est marquée par de fortes inégalités
sociales et territoriales en matière de santé. Effectivement, on constate
des écarts selon les territoires et les catégories socioprofessionnelles en
termes de risques pour certaines pathologies ou d’espérance de vie en
bonne santé.
À titre d’exemple, ces inégalités sociales vis-à-vis de la santé se traduisent
par une différence d’espérance de vie à 35 ans de 6,4 années entre les
ouvriers et les cadres en faveur de ces derniers.
On observe une distribution de la santé qui suit une échelle socioéconomique, où plus un individu occupe une position économiquement
défavorable, plus il est en mauvaise santé.
C’est ce que l’on nomme le gradient social de santé. D’autres déterminants
agissent sur l’état de santé des populations (revenu, statut social, réseaux
de soutien, éducation, services de santé, logement…).
Ces déterminants n’agissent pas indépendamment les uns des autres, mais
interagissent entre eux et ainsi défavoriser certains individus face à un
bon état de santé.
Ce sont ceux dont la situation est défavorable et les ressources sont les plus
minces qui y sont le plus exposés »5
.
S’il n’y a pas de chiffres sur le nombre de personnes souffrant de troubles
mentaux, les professionnels interrogés s’inquiètent du phénomène. Selon
eux, cette situation est le reflet d’un défaut de prise en charge des malades
(réduction du nombre de lits en hôpital psychiatrique, absence de prises en
charge alternatives). À ce phénomène s’ajoutent les délais de rendez-vous trop
longs dans les cabinets de ville. C’est le cas pour obtenir un rendez-vous dans
les centres médico-psychologiques, notamment sur la commune de Vallauris.
Or les personnes touchées par les troubles mentaux et/ou concernées par des
addictions constituent une population vulnérable. C’est une population qui sort
peu de son territoire, ce qui complique les soins.
A cela s’ajoute le fait que les représentations sociales négatives qu’ils ont de
la maladie mentale ne les conduit pas à envisager l’entrée dans un parcours de
soins. D’ailleurs, on observe que le recours à un psychiatre en libéral est
significativement moins fréquent qu’en PACA. 3,7 % des habitants de
Vallauris ont eu recours au moins une fois à un psychiatre en libéral pendant
l’année 2017 alors que ce score est de 4,3% en PACA6
.
Piste 2. Dématérialisation et complexité des
démarches : améliorer l’accès aux droits
La complexité de certaines démarches administratives et des dispositifs ainsi
que la dématérialisation des démarches ont également été identifiés comme
des éléments majeurs dans le renoncement aux soins et participent au nonrecours aux droits (y compris chez les jeunes).
Certaines catégories de personnes ont moins recours au système de santé par
méconnaissance de leurs droits ou des dispositifs, ou en raison d’obstacles
pratiques, tels que leur manque de mobilité ou leur absence de domiciliation.
Pour ces personnes, qui ne vivent parfois que des prestations sociales, la
difficulté à engager des démarches administratives a des conséquences
directes sur leurs conditions de vie et pour assumer leurs soins (ophtalmologie,
soins dentaires, orthodontie…). Les problèmes d’alphabétisation et d’accès à la
langue française sont également des freins aux démarches administratives.
Plusieurs acteurs sont censés répondre à ces problématiques
d’accès aux droits sur le territoire. Pour autant, il semble nécessaire
d’engager une réflexion sur le maillage territorial nécessaire pour
répondre à ces besoins. Par exemple, si une MSAP (Maison de services au
public) a été développée sur le territoire pour répondre à ces difficultés, son
choix d’implantation géographique semble être un frein à l’accès pour tous
à ce dispositif. En effet, l’implantation de ce dispositif au sein du quartier
prioritaire des « Hauts de Vallauris » exclut une partie de la population qui
ne souhaite pas se rendre au sein de ce quartier. L’accessibilité géographique
pose problème (difficulté d’accès) et le quartier souffre d’une stigmatisation
importante qui apparaît comme un frein majeur à sa fréquentation par le plus
grand nombre.
Piste 3. Renforcer les communautés professionnelles
territoriales pour permettre l’accès aux soins des
plus vulnérables
L’accès aux soins des ménages défavorisés est facilité par la prise en charge
de leurs dépenses de santé par plusieurs dispositifs : la prestation universelle
maladie, la couverture maladie universelle, l’aide au paiement d’une
complémentaire santé et l’aide médicale d’État. Or, malgré ces dispositifs
censés favoriser l’accès aux soins des plus démunis, les partenaires d’ALFAMIF
constatent que certains praticiens peuvent refuser d’appliquer les conditions
spécifiques de paiement pour les bénéficiaires de la CMU (refus du tiers
payant) et du tarif opposable (application de dépassements d’honoraires).
Pour autant, le manque de médecin sur la commune pourrait expliquer en
partie des refus de recevoir, par manque de places lié à la surcharge de
travail de certains praticiens. Vallauris se trouve être la ville avec le
score le plus faible des villes de plus de 10 000 habitants des AlpesMaritimes en matièr
« La rareté de l’offre de soins dans certaines zones géographiques constitue
un frein contextuel à l’accès aux soins, qui, même s’il concerne l’ensemble de
la population d’un territoire, est porteur de discriminations potentielles7
».
Vallauris a été identifié par les services de l’État comme une zone d’actions
complémentaires, c’est-à-dire une zone éligible à certaines aides à l’installation
de praticiens généralistes ou spécialisés. Les enquêtés (population) ont
d’ailleurs massivement jugé l’offre de soins sur le territoire peu ou
non satisfaisante, notamment en matière de médecine spécialisée (74,5%),
en gynécologie (74,4%), psychiatrie (71,7%), hôpital (74,2%), ou services à la
personne (60%).
Piste 4. Addictions, sexualité, alimentation, accès
aux soins dentaires : la prévention, un enjeu majeur
pour les jeunes et les plus en difficulté
Sur la commune de Vallauris, 20% des jeunes de moins de 30 ans vivent
sous le seuil de pauvreté (3ème taux le plus important du département des
Alpes-Maritimes). De manière générale, le non-recours aux droits (protection/
prestations sociales) est plus fréquent chez les jeunes vulnérables. Ce public
cumule des difficultés qui peuvent être sociales, éducatives, sanitaires ou liées
aux discriminations qui rendent complexe le recours aux droits communs.
Les professionnels de l’action sociale et médico-sociale ont repéré
des problématiques récurrentes comme l’hygiène bucco-dentaire
et les problèmes d’alimentation. Ils ont observé une augmentation
des troubles psychiatriques et/ou du comportement chez les plus
jeunes. Certains professionnels expliquent ce phénomène par les conditions
de vie précaires des enfants. Cette augmentation des troubles mentaux
pourrait également s’expliquer par une augmentation des consommations de
substances psychoactives qui apparaissent de plus en plus tôt. Ce phénomène
s’ancrerait en partie dans la facilité d’accès aux drogues (cannabis, cocaïne…).
L’engagement vers le soin est rendu difficile par le déni des adolescents sur
leur pratique. De surcroît, certaines consommations sont partagées au sein
même de la structure familiale, ce qui est un frein à l’instauration d’un suivi
médico-social.
Les professionnels sur la commune s’inquiètent également de l’apparition de
pratiques sexuelles à risque chez les jeunes. Ils observent du « michetonnage»,
autrement dit le fait pour une personne vulnérable de s’engager dans des
transactions économico-sexuelles sans pour autant prendre la forme d’une
rémunération d’actes sexuels tarifés. Ces pratiques s’expliquent parfois par
une précarité financière où les jeunes filles vont s’engager dans certaines
pratiques pour répondre à des besoins primaires (se nourrir, s’habiller). Ils
pointent également le manque d’information sur la vie sexuelle et affective
chez les jeunes et s’accordent sur la nécessité de développer des actions sur
l’éducation à la vie affective et sexuelle en direction des jeunes